Cela remonte à quelques années avant ma naissance dans un pays lointain, la Calédonie. Mon grand-père, le chef d'une tribus du sud, a perdu sa femme, ma grand-mère, suite à une maladie grave incurable en ces temps lointains, car le remède était inconnu. Il fut donc laissé seul avec son héritière, une fille, ma mère. La légitimité voulait que ce soit un homme à la tête. Compte tenu du fait qu'il avait une fille unique, elle fut nommée chef après la mort de son père contre les ennemis au sud. Ma mère était à l'écoute de son peuple et le dirigeait d'une main de fer. Elle savait faire preuve de douceur et de fermeté, mais elle avait besoin d'un homme qui puisse l'aider à le diriger. Elle ne pouvait pas le faire toute seule.

Un homme d'un des cinq royaumes d'Albion fut présenté à elle. Il se disait être aimant, puissant et sans pitié pour ses ennemis, mais cachait un profond secret : il n'aimait pas les êtres magiques. La raison était qu'il avait perdu son premier amour qui était magique aux mains de chasseurs de sorcières. Après quelques mois de mariage, la femme découvrit un homme différent de celui qui fut présenté à elle. Il était abusif, exigent, contrôlant, sévère et avide de pouvoir. Ma mère ne pouvait pas divorcer. Le divorce était inconcevable à l'époque et elle avait besoin d'un homme pour l'aider à diriger son peuple. Mon père gardait tout pour lui et ne donnait rien à son peuple, ce qui attristait et déprimait ma mère, elle qui aimait son peuple. On pouvait dire que les habitants avaient toutes les raisons de se révolter. Ils mourraient de faim et de haine envers leur chef. Lorsque son mari avait le dos tourné, elle donnait à manger et protection à son peuple. Enfin, c'était ce que tout le monde disait à propos de mes parents.

La tribus avait besoin d'un héritier pour faire durer la lignée. Malheureusement pour ma mère, elle mit du temps avant d'être enceinte. On ignorait pourquoi, faute de connaissance en ces temps-là en ce qui concernait la médecine. Heureusement pour elle et le peuple, elle tomba enceinte de moi après quelques mois d'attente. Ce fut un garçon en pleine santé qu'elle mit au monde. Elle le nomma Ealwin Gaulmyn. Le peuple était quelque peu méfiant. Et si... leur nouveau héritier viendrait à être quelqu'un comme son père lorsqu'il prendra la tête de la tribus ? Et s'il ne la dirigera pas comme il se le devait? C'était tout à fait compréhensible, ils ne pouvaient pas savoir quel genre de personne deviendrait ce jeune bébé.

Le Roi n'avait pas changé suite à la naissance de son fils. Il était toujours aussi abusif, avide de pouvoir et égoïste. J'étais également victime de ses sévices avec ma mère. J'en suis venu à garder ce que je ressentais à l'intérieur. Il ne fallait pas que je montre une pointe de vulnérabilité. C'était mon devoir de ne jamais me montrer faible. Je ne savais même pas si mon père m'aimait ou non. C'était blessant de savoir qu'il était bien trop absorbé par son statut de chef. Il n'avait presque pas de temps à me consacrer, sauf lorsqu'il... Non... Peut-être était-ce l'envie qui manquait? Oui, l'envie qui manquait. Ma mère, quant à elle, était aimante et douce envers moi. C'était pratiquement elle qui m'avait élevé.

Mon éducation avait pour but ultime de faire de moi un Chef. J'appris les usages, me battre et tirer à l'arc également. Comme j'adorais regarder les pointes de mes flèches se planter dans leurs cibles. Les stratégie de guerre sont venues un peu plus tard avec l'âge. J'étais bien trop jeune pour comprendre comment on dirigeait une armée de guerriers ou élaborait un plan d'attaque. Je trouvais l'étude des animaux et les plantes beaucoup plus intéressante que les gens. Ceux-ci avaient l'air intimidants et il était difficile pour moi de les cerner. Je pouvais passer toute la journée à identifier les animaux et les plantes. Et si... je venais à me retrouver en situation où je devais utiliser leur aide pour me nourrir ou bien me soigner ? Bien sûr, en tant qu'héritier, j'avais des obligations. Passer toute la journée à étudier la faune et la flore m'était impossible.  

Il y avait cet homme, Uther Pendragon. Il était le Roi de ce puissant royaume que l'on nommait Camelot. Il était ami avec notre famille. Mes parents et moi l'apprécions beaucoup. Il semblait être un homme puissant et il dirigeait son royaume d'une main de fer. Il y avait aussi sa Reine, Igraine. Elle était quelqu'un de bien, d'après ce que je me souviens. On ne le voyait pas très souvent, nos terres étant éloignés l'un de l'autre. Puis quelques années plus tard, il y eu cette énorme guerre contre la magie venant de la part d'Uther. Sa femme avait rendu son dernier souffle après avoir donné naissance à leur fils, Arthur. Je le savais, car le Roi de Camelot était un ami de la famille. Je me devais d'être présent lorsque il venait nous rendre visite ou bien lorsque nous allions chez lui. Étant amis, mon père et lui se sont donc mit à deux pour éliminer ces êtres magiques. Je ne comprenais pas pourquoi ils leur en voulaient tant. Ces gens n'étaient pas tous mauvais, il ne fallait quand même pas généraliser.

Peu de temps après la Grande Purge, cette grande guerre contre la magie, mon père mourut sur le champ de bataille contre un peuple ennemis. Je dû prendre la tête du notre à un jeune âge. J'avais, si je me souviens bien, 20 ans lorsque je suis devenu chef aux côtés de ma mère. Contrairement à mon défunt père, je ne voulais pas voir mon peuple mourir de faim et brûler de haine envers moi. Je leur donnai protection, nourriture et un toit comme un Chef se devait de le faire. J'étais un jeune Chef, mais j'étais un bon Chef, d'après les dires des habitants.

Uther avait convenu de faire une alliance, car il était un ami de longue date. Nous apportions chacun notre aide à l'un et l'autre s'il était en guerre ou bien en déficit. Ce fut après deux ans de règne qu'Uther découvrit que j'étais tolérant envers la magie. J'autorisais sorciers, sorcières et druides à venir s'installer sur mes terres. Le royaume de Camelot déclara la guerre à ma tribus, car Uther n'appréciait pas que je sois tolérant envers ce groupe de gens qu'il haïssait. Ce fut comme un couteau en plein coeur. Une trahison impardonnable. Comment était-ce possible qu'un allié puisse se retourner comme cela, sans rien dire ? Uther avait envoyé ses guerriers envahir mes terres. Les miens et mon peuple eurent combattu les Bretons sans relâche. Il y eu beaucoup de sang versé des deux côtés. Petit à petit, les puissances s'affaiblirent, car elles mettaient tout ce qu'elles avaient dans cette guerre.

En une journée, je perdis tout. Mon peuple, mes terres ainsi que ma mère qui fut gravement blessée par l'un des Chevaliers de Camelot. Je dû m'enfuir dans les bois avec quelques guerriers qui eurent survécus. Certains hommes d'Uther s'étaient rendus jusqu'à nous et nous les avions combattu. Nous avions voyagé à travers forêts, terres et royaumes, ayant dû nous résigner à chasser, à cueillir les baies et à utiliser de plantes comestibles pour nous nourrir et nous soigner. Je me confectionnais des flèches et pratiquais mon tir que j'utilisais pour nous nourrir de gibier et nous défendre si nous venions à rencontrer des personnes qui voulaient notre peaux.

Un soir, nous fûmes attaqués par des briguants. Un à un, mes hommes tombèrent alors que nous les repoussions. Je me suis retrouvé seul sans personne sur qui compter. C'est à ce moment-là que je su que je devais me fier à la seule personne qui méritait d'avoir une confiance aveugle - moi-même. Je me souviens d'une arme froide et tranchante dans mon flanc puis plus rien. Je fus par la suite laissé pour mort.

Allongé sur le sol, j'éprouvais un pincement aiguë à mon flanc. Lorsque j'ouvris les yeux, je fus accueilli par ceux d'une magnifique femme. Elle devait avoir à peu près une vingtaine d'années. Elle était penchée au-dessus de moi et traitait ma blessure. Confus, je regardai autour de moi et vis que je me trouvais à l'intérieur d'une tente. Une tente ?! Voyant que je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais, la femme, qui s'avérait être une druide, m'expliqua qu'elle m'avait trouvé tout près de son campement alors qu'elle était à la recherche d'herbes. Elle m'a donc emmené à l'intérieur d'une tente et m'a soignée. Elle était le genre de femme qui savait prendre soin d'elle-même, qui n'hésitait pas à venir en aide aux autres et elle avait un beau sens de l'humour qui savait me faire rire et sourire malgré ma résignation à ne pas exprimer ce que je ressentais. Nous avions passé beaucoup de temps ensemble, ayant trouvé des points communs. J'en suis venu à apprécier de plus en plus les êtres magiques et à croire que ce n'était pas cette essence qui rendait les gens mauvais. La femme était une des rares personnes à avoir réussi à faire fondre la glace autour de mon cœur. Bien évidement, des sentiments plus profonds que de la simple amitié se sont formés.

Une relation naissante, le campement fut attaqué. Hommes, femmes et enfants criaient, pleuraient et courraient dans tous les sens. Lorsque je levai les yeux, des Chevaliers aux habits rouges se présentèrent à moi. Camelot. Que faisaient-ils tout près de ce campement ? Il y avait un homme parmi eux qui donnaient des ordres et qui combattaient les druides qui essayaient de se défendre. L'identité de la personne m'était inconnue. Je pris donc la main de la femme que j'aimais et nous nous sommes enfuis vers la forêt pour ne pas qu'il nous arrive quoi que ce soit. Cependant, nous fûmes rapidement devancés.

Le soldat qui se tenait devant nous leva son arbalète. Au moment où j'allais tirer, la druide s'interposa entre nous deux, reçu la flèche et tomba au sol à mes pieds. Furieux, je pris en main mon arc et tira sur l'homme pour le tuer. Je m'accroupis ensuite au sol et prit la femme dans mes bras. La flèche était trop profonde. Je ne comprenais pas ce qu'il venait de se produire. Comment est-ce que des personnes pouvaient se faire massacrer de cette façon ? Comment pouvait-on m'arracher la seule personne que j'ai aimé ? Plus jamais je laisserais quelqu'un se rapprocher de moi de cette façon pour ensuite avoir le coeur brisé. Plus jamais. Je décidai donc de partir à la recherche de la personne qui avait ordonnée ce massacre et jura de le faire payer pour ce qu'il avait fait.